Trier les zambrovates

Zambrovates ou ambrevades, c’est le nom malgache créolisé du pois d’Angole, Cajanus cajan. Pour ma part j’en avais entendu parler dans mes cours d’Agriculture Comparée, notamment avec Marc Dufumier <3.

C’est un des premiers trucs que j’ai semé il y a peut-être 10 ans, dans ce qui n’était pas encore un potager.

C’est une des plantes tropicales les plus faciles à cultiver… mais souvent on est rebutés pour les transformer ! Pour les semis, M. Potier recommande décembre ou janvier, en début de saison des pluies.

Les meilleurs zambrovates, comme tous les grains (légumineuses) sont meilleurs en vert, lorsque la gousse est encore verte et tendre et que le grain est gonflé, pas encore séché. Pour trier les grains verts (zantak, pois du Cap, zambrovates, pois de sabre…), on peut inviter une amie à discuter ou s’installer devant une bonne série, ou une visio (mes partenaires professionnels m’ont déjà vu faire, sur zoom ou jitsi !). Les grains verts peuvent être grillés au four avec des épices pour être consommés à l’apéro.

Lors que les grains sont secs, pour zembrevate ou zantak, je vous propose une technique rapide et facile. Vous verrez sur les photos une variété blanche et petite, mais cela fonctionne avec toutes les variétés. Je ne vous conseille pas de mélanger les variétés après récolte car les temps de cuisson peuvent différer un peu.

Trier les grains secs

Il vous faudra un hachoir (ou mixer) et un saladier.

  1. Ramasser les zembrevates. Moi j’utilise une main-d’œuvre servile : les éco-délégués d’un collège dans lequel on fait un potager 😉 ! Les filles de 4e ou 3e aiment bien cette tâche, elles discutent tranquillement de leurs histoires d’amour. Vous pouvez aussi les ramassez vous-même avec un meilleur rendement sans doute. Séparez les gousses vertes (voir au-dessus) des gousses sèches.
  2. Remplir le hachoir de gousses sèches. Mixer quelques tours.
  3. Ouvrir et retirer les gousses vides, ouvertes. Ma technique ne fend pas les grains car l’hélice n’est pas au fond du bol.
  4. Continuer jusqu’à ce que toutes les gousses soient ouvertes.
  5. Vanner le tout (opération facultative mais recommandée). Si comme moi vous n’avez pas acquis de tour de main, soufflez dessus, ça marche bien.
  6. Verser les grains dans un grand saladier et rincer une dizaine de fois. Les impuretés, feuilles et grains piqués (par le charançon, lire après) vont flotter.
  7. Laver avec une passoire à gros trous pour éliminer les éventuels insectes.
  8. Vous obtenez des grains propres et mouillés. Je vous conseille d’en profiter pour les tremper 12 heures et les cuire. Sinon, vous pouvez les conserver secs ou congelés.
  • Pois d'angole écossé trempage

Conserver les zambrovates

Pour les grains tropicaux que vous pourrez faire pousser, l’ennemi numéro 1 est un petit charançon qui va grignoter chaque grain, en ressortant en faisant un joli trou, comme un dé. Si vous stockez vos gousses ou grains et qu’il y en a dedans, ils peuvent anéantir votre récolte ! Plusieurs solutions pour éviter cela :

  • Stocker les grains secs avec des clous de girofle dans le bocal. La girofle est insecticide. On pourrait sans doute utiliser des feuilles de neem, mais séchées.
  • Congeler vos grains, cette étape tuera les insectes potentiellement présents. Quelques jours suffisent et ensuite conservez-les dans un bocal hermétique.

Cuisiner les pois d’Angole

Vous pouvez utiliser les zambrovates pour faire un zembrocal, plat traditionnel réunionnais. Les mahorais les consomment avec du lait de coco.

Pour ma part, je les trouve assez amers et donc ma meilleure recette est un houmous ! On m’a dit que le mot houmous veut dire pois chiche alors c’est impropre, mais vous m’avez comprise ! Vous en trouverez une recette ici.

Globalement, les zembrevates peuvent remplacer toutes les lentilles, et donc sans doute entrer dans la composition de galettes et autres. C’est sans gluten et très riche en protéines.

N’hésitez pas à me partager en commentaire d’autres recettes !

3 réflexions sur « Trier les zambrovates »

  1. Claire Mauquié a essayé d’en faire du fromage végétal : https://foodforestlab.com/le-fromage-vegetal-de-pois-dangole/

    Elle dit dans ce même article que le pois d’Angole était apparemment utilisé par les aborigènes à Taïwan pour faire du lait et du tofu, à la place du soja 🙂

    On peut encore trouver des pois d’Angole ici à Taïwan, mais le soja a pris tellement toute la place qu’il faut vraiment le vouloir pour en trouver. Du coup, je crois que je n’ai encore jamais goûté…!

  2. Claire Mauquié dit dans son blog que certains aborigènes de Taïwan utilisaient le poids d’Angole pour faire du lait et du tofu, comme on ferait avec le soja.

    Et dans ce même article, elle propose de faire du fromage végétal de poids d’Angole ! https://foodforestlab.com/le-fromage-vegetal-de-pois-dangole/

    On peut arriver à trouver des pois d’Angole à Taïwan, mais il faut être un peu motivé, car le soja (OGM des Etats-Unis…) monopolise le terrain, il est partout. Ce qui fait que je crois que je n’ai jamais goûté le pois d’Angole…

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