Je vous parle souvent de jardin, c’est mon dada et pendant ce confinement, c’est mon équilibre. Dans mon entourage ou sur les réseaux sociaux (oui, ma détox digitale n’a pas duré…) pas mal de personnes qui voudraient commencer un jardin potager, dépassant la première réticence : « je ne sais pas faire », ou « je n’ai pas la main verte ». Respirez et relisez mon avis sur ces fausses croyances limitantes. Ensuite profitez du temps qui nous est offert, et de la liberté de pouvoir faire ce qu’on veut chez nous sans avis d’autres personnes pour nous lancer.
La deuxième réticence, c’est le problème de ne pas être équipé. Merci Perrine pour ta liste de non-matériel, suite à mon article ! Avant de reprendre ici les conseils, je vous rappelle que les plants potagers, graines et autres sont considérés comme des biens de première nécessité. Donc les pépinières et jardineries sont ouvertes, et vous pouvez vous-y rendre en cochant la case « approvisionnement ».
Où semer ? Dans mon jardin
Pour les chanceux, voyez comment mettre en place un carré potager dans votre jardin. Reste tout de même la question de la fertilité de la terre…
Bien souvent, on creuse à même le gazon ou dans un vieux massif de fleurs… C’est vraiment pas top… La terre est peu riche, vous risquez de vous décourager. Il va donc falloir l’enrichir, avec aux moins deux façons :
- Apporter de la matière organique au sol : du paillage pour préserver l’humidité et la vie du sol, du fumier bien dégradé ou du compost mûr.
Profitons-en, c’est demain la fin de la semaine du compostage, alors rendez donc visite à votre composteur (je détaille plus bas). Si vous êtes 2.0 : #TousauCompost2020 et #ComPostezvosphotos avec le @ReseauCompost ! - Apporter de l’azote au sol (et donc à vos plantes) par les Légumineuses. Fèves, haricots, pois, arachide, lentilles… ont un super pouvoir : elles capturent l’azote de l’air et le fixent dans le sol, à proximité de vos plantes !
« Ah ben ça, ça tombe bien alors » !
Où semer ? Sans jardin
Vous êtes en appart, mais souhaitez faire votre part et cultiver la menthe de vos mojitos. En métropole : guettez les taupinières pour une superbe terre grumeleuse. A La Réunion, vous avez peut-être dans le rayon d’un kilomètre un chantier de terrassement avec de la terre végétale (pas du remblais, mais une terre jolie et foncée) ?
Je pense qu’on peut aussi essayer de recréer un sol, notamment avec du marc de café et du paillage, mais je n’ai pas réellement testé. Cela s’appelle un technosol, il y a des projets de recherche liés à l’agriculture urbaine là-dessus, et sans doute des tutoriels et retours d’expérience.
Quoi qu’il arrive, même si vous devez acheter terre végétale et terreau, pensez à la génération suivante, dans 6 mois et…
Choyez votre compost !
Avec ou sans jardin, gérer vos biodéchets est selon moi une obligation morale (et olfactive) et va bientôt être une obligation légale. De plus, les terreaux du commerce (importés) contiennent souvent de la tourbe, matériau naturel non renouvelable à l’échelle de temps humaine. Il est également important de récupérer le phosphore de nos déchets, car l’effondrement guette…
Hélas à La Réunion, le composteur est souvent vu comme une poubelle supplémentaire et on le laisse s’assécher, se tasser, se faire envahir de fourmis. Dommage, parce que c’est une précieuse source de terreau. Il faut donc lui rendre visite souvent (2 fois par mois, comme à l’EHPAD) et l’arroser, le retourner, l’aérer. Le B.A.-BA du compost (ou du lombricompost) c’est équilibrer le vert (azoté : déchets de cuisine, mauvaises herbes, tontes) avec le marron (carboné : branches, paille, feuilles mortes, carton sans encre ni chlore).
Dans quoi semer ?
Si vous ne semez pas en pleine terre, vous aurez besoin de pots, ou de quelque chose de gratuit qui y ressemble :
- pots de yaourt, de compotes, de crème
- briques de jus et de lait
- boite à œufs et barquettes pour semer en terrine
- coquilles d’œuf (pour Pâques !) ou de fruit de la passion
- bouteilles plastiques pour une jardinière à réserve d’eau, idéal pour semer des fruitiers ou bouturer.
Soit vous trouvez vos contenants et mettez donc un réceptacle dessous, soit vous arrosez avec parcimonie (et un vaporisateur).
Que semer ?
Si vous avez accès à des graines et plants en magasin ou pépinière, voici les conseils de semis mois par mois.
Si vous n’avez pas de plants ni de graines, voici quelques essais concluants :
– Planter les tubercules, racines et bulbes germés (patates, gingembre, oignon…)
– Faire germer les avocats, pointe vers le haut, fesses dans l’eau, pendant un mois au moins.
– Faire raciner les couronnes d’ananas : avant de le découper, tourner la couronne pour la détacher. Enlever des feuilles pour créer des cicatrices qui racineront. Mettre la couronne fesses dans l’eau, à la lumière et dans un verre transparent pour admirer la magie, en plusieurs semaines.
– D’autres légumes peuvent repousser, c’est la technique du regrowing, lente et peu productive, à réserver pour vos enfants, pour admirer la vie !
– Semer les graines que vous consommez habituellement (lentilles, riz ?) et celles des fruits. J’ai arrêté les dattes, c’est vraiment trop long. Mais le reste est à tenter, en gardant en tête la règle d’or : une graine germe à l’obscurité, sous une épaisseur de terre (ou terreau) égale à 2 ou 3 fois sa taille. Comme toute règle, elle a des exceptions…
– Bouturer, marcotter des plantes que vous avez déjà. J’ai testé le frangipanier (dégorgé de son latex) dans le pot à réserve d’eau : c’est lent mais très efficace.
Un dernier conseil…
C’est juste mon avis : jardinez sans gants ! Des scientifiques ont découvert qu’une bactérie du sol, Mycobacterium vaccae, pouvait avoir des effets anti-dépresseurs et améliorer l’immunité… Gardez donc vos gants pour le débroussaillage… ou le supermarché !
2 réflexions sur « Commencer son jardin… avec presque rien ! »