Youhou, c’est bientôt la Semaine du Goût !
Une occasion en or pour proposer des activités, notamment samedi à l’Unikaz et lundi prochain dans une école.
Cette semaine me paraît être pertinente pour parler d’éducation alimentaire, pour améliorer un repas scolaire ou encore pour que nous prenions davantage conscience de nos sens lors d’au moins un repas… « Quelle belle initiative publique ! » me disais-je…
Seulement voilà, comme je voulais savoir ce qui allait se faire, notamment dans les écoles publiques, j’ai un peu cherché, fouillé le site de la Semaine du goût (legout.com, excusez du peu !), très joli d’ailleurs… mais bien vide.
Peu d’informations sur le rôle de l’éducation nationale, de son ministère ou encore du ministère de l’alimentation… Bizarre pour une semaine institutionnelle, non ? Enfin, c’en est bien une, non ?
Et pourquoi la Semaine du Goût s’écrit avec le (R) ? Et puis pourquoi c’est une société inconnue qui gère ça ?
Je cherche dans l’encyclopédie collective que je connais, qui pourrait m’apporter une vision critique : Wikipédia.
AÏE. La semaine du goût serait purement et simplement une création du lobby sucrier…
C’est à dire que je souhaitais utiliser cette initiative pour éveiller au goût des aliments, élargir le répertoire alimentaire des enfants et donc potentiellement développer leur goût pour des aliments bruts et sains… avec l’argent des vendeurs de sucre.
Autant participer à un débat sur la sécurité/civilité dans mon quartier organisé par un vendeur d’armes ou de caméras de surveillance !
Le corbeau, honteux et confus, jura mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plus…
Passée ma honte et ma confusion, je me suis demandé non pas à qui profitait le crime, cela Wikipédia me l’avait indiqué, mais comment il profitait à l’accusé !
Certes, le lobbyisme du sucre via cette semaine du Goût est beaucoup moins agressif que ce qu’il a pu être tel que décrit dans l’article du Point. Mais une réponse est dans les conseils donnés par le site de la Semaine du Goût (C!) pour organiser une séquence. Le site propose une découverte des saveurs, qui se fait à partir de « solutions sapides », méthode qu’on m’a enseignée pendant mon stage. Pour que l’enfant puisse pleinement mettre des mots sur ses perceptions gustatives, on ne lui propose pas des aliments, aux saveurs complexes perturbées par l’existence d’arômes, mais des solutions basiques qui se limitent aux 4 principales saveurs :
- une solution de chlorure de sodium pour la saveur salée
- une solution d’acide citrique pour la saveur acide
- une solution de sucre blanc pour la saveur sucrée et
- une solution de quinine pour la saveur amère (ici c’est eau+camomille).
Entendons nous, on peut le faire avec des vrais aliments (et c’est ce que Croquarium prône) : un citron, du sirop, un fromage salé et du chocolat amer, c’est-à-dire des aliments réels, connus des enfants, appréciés ou non (sans doute peu pour l’amer et l’acide du fait de leur âge).
Mais dans les solutions sapides… laquelle pensez-vous que l’enfant va préférer ?
Le nourrisson et l’enfant ont une appétence pour le sucré, par instinct de survie et pression de l’évolution. Pour autant, l’éducation alimentaire pour moi, n’est pas conforter cette préférence, notamment car le goût évolue au fil de l’âge et qu’on peut aimer, adorer l’endive, le bilimbi ou le chocolat noir. Du moins si on nous a appris à y goûter…
Reste qu’à travers les solutions sapides, il me semble qu’on n’élargit pas le répertoire alimentaire, mais qu’on conforte cette appétence primaire… et potentiellement lucrative !
Les exemples de collusion entre les lobbys et l’éducation alimentaire au sens large et même nutritionnelle sont hélas bien connus, je vous parlerai peut-être un jour du lobby laitier !
PS : vous pouvez quand même profiter de la semaine prochaine pour (vous) sensibiliser davantage au plaisir des sens dans l’alimentation !
PPS : Et venir avec vos enfants (ou ceux des autres) samedi à l’Unikaz 😉 !
2 réflexions sur « Semaine du Goût et Lobbies agro-alimentaires »