La légende urbaine des fauteuils en bouchons de bouteilles

Depuis quelque temps, ayant emménagé dans une nouvelle commune et avec quelqu’un qui me se pose beaucoup de questions, je me trouve souvent bloquée face aux poubelles, mon déchet à la main, ne sachant que faire…

Heureusement, une amie lance un site Internet participatif, Kel Poubelle, pour résoudre ces grands dilemmes de la vie quotidienne. Je vais aujourd’hui faire ma part, explorant la grande légende urbaine du fauteuil handicapé en bouchons de bouteilles recyclées. Que celui qui n’a jamais emmerdé son collègue, parent, ami avec cela me jette le premier bouchon !

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La légende est la suivante : les bouchons plastique de bouteilles et briques ne sont pas à jeter, mais à collecter séparément dans un sachet, lequel croupira des années dans un coin avant que vous ne le jetiez un jour excédé sera collecté par une association d’aide aux personnes en situation de handicap.

Une association locale

J’ai donc pris contact avec Handi Bouchons Réunion, association correspondant aux Bouchons d’Amour en métropole… Le bénévole me confirme que les bouchons plastiques se recyclent tous, même s’ils sont jetés avec la bouteille (les deux plastiques seront triés par flottation une fois réduits en paillettes). Toutefois, selon Handibouchons, ils peuvent être oubliés dans la chaîne de tri ou jetés par les usagers dans la poubelle grise ou pire, dans la nature, nourrissant ainsi les tortues marines…

Cette association collecte donc auprès des entreprises, particuliers, écoles, collectivités (déchetteries CINOR) les bouchons pour les revendre à Cyclea (gestionnaire de la collecte, du tri et de la prévention des déchets dans l’Ouest) 150 € la tonne. Ces ventes sont entièrement reversées vers le « développement de la pratique sportive des personnes porteuses de handicap en apportant une aide aux projets d’associations ou de groupes œuvrant dans le sport des personnes handicapées. »

Donc pas de fauteuil recyclé en plastique, mais une vente : nos déchets sont donc bien une ressource, puisqu’on veut bien les racheter ! Notons que Cyclea ne collecte pas les bouchons séparément dans ses déchetteries, car cela l’obligerait ensuite à les racheter à Handi Bouchons… pas fous les mecs !

La bonne nouvelle, c’est que les bouchons sont doublement utiles : recyclés (en sièges enfants, en isolant de toiture ou encore en arrosoirs) et source de financement pour le handisport. Reste que les bornes de collecte spécifiques sont franchement rares…

Un petit calcul

Du coup, je me suis livrée à un petit calcul. Chaque bouchon pensant environ 2 grammes, je considère ma collecte de bouchons maximale à :
2 litres de jus par semaine + 2 litres d’eau pétillante + 2 « canettes » achetées en snack
= 6 bouchons par semaine = 12 grammes hebdomadaires = 624 gr par an.
Au prix de 150 € la tonne, je rapporterais à Handibouchons environ 9 centimes par an, quelle radine !

Supposons que je boive mes 2 L par jour uniquement dans des bouteilles de 33 cl, par décret de Donald Trump président du monde de précipiter la fin du pétrole. Je consommerais alors 6 bouchons par jour, soit 12 g/jour = 4,38 kg/an = 0,66 €/an. La recette d’Handibouchons serait sans doute inférieure à ma dépense en carburant pour leur livrer.

Si la population réunionnaise entière (851 000 personnes) collectait ces 6 bouchons par jour, Handi Bouchons collecterait 560 000 € chaque année (ou 80 000 € dans l’hypothèse plus crédible de 6 bouchons par semaine), mais il n’est pas certain que Cyclea consente à une telle dépense : ils négocieraient sans doute leur accord !

Un grand paradoxe ?

On est peut-être face au paradoxe du colibri : l’apport personnel est négligeable mais la somme de ces apports est considérable.

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